LE RAP N'EST PAS MISOGYNE

Dans un premier temps, il est important de dire que d'assimiler le rap à un genre masculin ou féminin, c'est restreindre un univers artistique et revendicateur que sont les points primaires de ce mouvement qu'est le rap. Les femmes ont toujours été présentes dans le milieu du rap, malgré un manque de visibilité. Elles sont présentes que ce soit dans la musique mais également dans la création de contenu, style, réalisation de clip, dans le management ou dans la production. D'ailleurs, MOUV' a réalisé un reportage sur cinq d'entres-elles si cela vous intéresse davantage.

Cette article est une approche personnelle, vous êtes tout à fait libre d'ajouter et /ou répondre à cet article par la suite.

Je ne pense pas qu'il faille de nouveau entrer dans un débat de savoir si les femmes ont leur place ou non dans ce milieu car ce serait catégoriser et discriminer un genre qui ne doit pas l'être. L'univers du rap est un reflet de la société et comme dans la société la femme est peu mise en avant malheureusement. On pense souvent que le rap est fait par les hommes. Cependant, c'est une information erronée car au départ les femmes étaient bien présentes. On retrouve aux États-Unis, Roxane Shanté, Lil Kim et d'autres encore et, en France, Saliha, Casey, B.Love, Diam's etc.

Je me suis donc penchée sur le rap dit « féminin » et sur sa place réelle. Beaucoup d'articles et de témoignages mettent en évidence le problème de l'influence et de l'impacte nécessaire pour se démarquer. Il faut être capable de créer un univers dit « atypique »,« familier » ou « revendicateur ». De ce fait, beaucoup de femmes essaient de se caler à ces codes mais généralement peu d'entre-elles reçoivent la notoriété escomptée. Cependant, aujourd'hui, le problème s'instaure des deux cotés car des rappeurs ils en existent énormément qu'ils soient connus ou moins connus. Un grand nombre ne le sont pas. Sur cent seulement un ou deux réussissent à percer. Quant aux femmes, une sur dix arrivent à obtenir de la visibilité et ainsi être reconnue. Mais cette opportunité existe parce qu'ils ont quelque chose que les autres n'ont pas. Le problème de ces femmes est qu'elles sont beaucoup trop jugées, surtout en France. Aux États-Unis, la scène féminine est beaucoup plus importante, de même en Angleterre. Il est donc plus facile de voir émerger 5 rappeuses américaines/anglaises que 5 rappeuses françaises.

La question « quelle place a la femme dans le rap ?», c'est affirmer que le rap est réservé aux hommes, car ce milieu serait misogyne.

Faisons également une parenthèse pour mettre les choses au clair sur la définition du mot misogyne souvent utilisé sans fondement.

Misogyne désigne quelqu'un qui HAIT les femmes et qui les DENIGRE.

En France, nous sommes face à des femmes qui se masculinisent ou qui se sexualisent ou deviennent asexuées. Je pense notamment à Diam's qui a réussi mais qui était plutôt masculine dans ses attitudes et son habillement. Plus récemment, Lala&Ce qui ressemble à un certains nombre de rappeurs et de l'autre, Shay qui se démarque dans un univers très sexy avec la volonté de choquer. Nous sommes face à deux univers différents et même si elles assument leur personnalité à fond, elles sont jugées sur leur apparence, sur l'image et sur ce qu'elles renvoient. Aux États-Unis, toutes les femmes qui se sexualisent ou sont dans le trash ne sont pas jugées par leur image mais par leur travail musical.

Disons que la culture américaine est plus ouverte à ce niveau alors qu'en France nous sommes plus pointilleux, plus critiques et jugeons sur l'apparence esthétique. Cardi B, ancienne stripper réussi, depuis Lauren Hill, à battre des records Billborad avec son passé sans que cela ne l’handicape. Elle a une forte personnalité qu'elle n’hésite pas à valoriser et mettre en avant. Aujourd'hui, elle est une figure emblématique. En France, du même exemple, Liza Monet est une ancienne actrice porno qui s'est lancée dans le rap. Elle ne réussit pas à obtenir de la crédibilité et à gagner un public. Elle n'a pas suffisamment de visibilité.

Évidement, nous ne sommes pas exactement sur le même registre musicale mais leur passé reste similaire. En France, on va plus juger les femmes pour leurs apparences, leurs passés que sur l'art qu'elles proposent. Si elles ne rentrent pas dans le cadre, elles seront catégorisées de féministe.

Nous en venons donc au point qui explique que dans le rap Français, lorsqu'on parle des femmes rappeuses c'est pour revendiquer l'aspect féministe, c'est tout ! Les commentaires sexistes sont : «  ouais tu rapes sur le fait de t'assumer, tu parles de sexe, donc tu es féministe ».

Par contre, le travail du rappeur va être mis en avant sur la musicalité, les paroles, leurs sens et sur les prods utilisées, mais on ne va pas le juger sur son apparence.

Et pourtant, les thèmes abordés par les rappeurs sont souvent en rapport avec les femmes, qu'il s'agisse de leur place dans la société, des rapports de couple style tromperie, ou partenaire de crime.

Il est vrai que les maisons de disque sont plus exigeantes avec elles. Pauline Duarte, directrice de label DefJam record, dans une interview pour MOUV', affirme vouloir engager des rappeuses dans son label mais que pour l'instant elle n'a pas eu de coup de cœur.

Est ce que ce sont les femmes qui ont trop peur du jugement et ne se lancent pas vraiment dans un univers qui leur est propre avec des textes qui leur correspondent vraiment ?

Est ce le milieu qui les restreint ?

Les hommes dans le milieu cherchent à leur apporter de la place. Dans la nouvelle génération certaines artistes féminines deviennent plus visibles. Ainsi de nombreux artistes n'hésitent pas à faire des featuring avec elles et cela depuis toujours. Aujourd'hui je pense notamment à Dadju qui a déjà fait plusieurs featuring avec différentes chanteuses plus ou moins connues comme Lynda, vitaa ou leatitia.

Jok'air aussi fait pas mal de featuring avec des femmes comme Shym, Debbie Sparrow, Zayra, Lili Poe ou encore Yanissa. De plus, l'air du mainstream permet d'obtenir plus facilement de la visibilité.

Reste à trouver des rappeuses talentueuses. Je ne dis pas qu'il n'existe pas de rappeuses ou que le talent n'existe pas chez les femmes. D'ailleurs le média « Madame rap » a référencé plus de 50 rappeuses Françaises. Je pense que c'est comme dans tout. Il peut y avoir des centaines d'artistes, des centaines de rappeuses mais si aucunes d'elles n'arrivent à se démarquer ce n'est pas une question de genre féminin ou masculin. C'est une question de talent. Une question d'identité et d'image. C'est facile de faire du rap. Tout le monde peut en faire, après il faut pouvoir avoir une identité et se démarquer. Apporter un plus dans ce qui existe déjà. Encore une fois ce n'est pas une question de genre mais d'univers et de capacité à être innovante.