IN MY MIND

ELLE

Parfois, j’ai l’impression de la sentir plus près, de la voir m’entourer dans ce bus. Par la fenêtre, le long de ce chemin, passant du jour à la nuit. Je la sens dans le bruit de l’eau assourdissant descendant le long de mon corps cachant le bruit de la musique en fond.

Lorsque je marche dans ces rues infinies peuplées de gens, la tête haute, le regard sans faille, avançant sans se faire remarquer, même si c’est le but premier, un appel à l’aide ou simplement un « regarder-moi », « admirer comme j’existe », et, « Comme je vais bien » et, surtout « regardez comme j’arrive à faire semblant facilement ».

Je la vois par la fenêtre lorsque la lumière est éteinte et que la fumée de cette braise encore chaude vacille.

Autour de moi, marchant, seule, en rentrant dans ce club, où plus rien n’est comme au début. Ce mouvement dans cette foule difforme, le club a perdu la magie de ses débuts et devient une pièce morose. La musique devient le refrain de cette vieille chanson que j’écoutais en boucle l’été dernier. Les gens n’ont plus de visage, de simples corps, inertes. Regardant cette foule s’agiter, j’entends mon cœur battre au rythme des pulsations de la musique. Je suis là, seule, vide de sens, n’éprouvant plus rien. Les gens me bousculent comme si je n’existais plus. A cet instant, je la vois plus que jamais. Allongée dans ce lit trop grand, c’est elle qui parle lorsque j’écris ces mots.

Ici et là, elle me poursuit sans répit, toujours prés de moi, es ce un choix délibéré ou s’impose t-elle à moi tel un jour pluvieux ?

La fille du wagon

La nuit était tombée, le wagon avançait à en briser le vent, un bruit sourd traversait les fenêtres. Une jeune fille aux cheveux bouclés était assise près d'une fenêtre, le froid se faufilait à travers celle-ci allant jusqu'à s'infiltrer au travers de ses vêtements. Une musique mélancolique à la douce voix aux influences de blues tournoyait autour d'elle. Elle somnolait bercée par la vibration du train. La tristesse se lisait sur son doux visage abîmé par des démons profonds. Une moue boudeuse, elle leva la tête apercevant à son tour une jeune femme à peu près du même âge qu'elle. Une mèche de cheveux cachait ses yeux. Elles se regardèrent dans les yeux timidement, chacune d'elle savait que la mélancolie les rongeait. La première se mit à sourire baissant la tête timidement, puis elle regarda à nouveau cette jeune femme en face d'elle et s'avança la regardant avec insistance jusqu'à s'apercevoir qu'il s'agissait en faite de son reflet.

Drive

Une nuit de plus à errer dans les rues colorées par les lumières d'enseignes. Je me demandais encore et toujours pourquoi tu ne sortais pas de mes pensées. Je me perdais dans cette musique qui m'entourait. Le cœur lourd, l'esprit flou, affluant de questions.

C'était difficile. Le temps passait et je continuais de rouler sans savoir où j'allais. Chaque soir, les questions étaient les mêmes. Les routes toujours peuplées de ces gens solitaires, marchand, perdus entre pensées et rêveries. Un monde où plus personne ne voit personne. Plus personne ne ressent vraiment.

Les mains moites, je resserrai le volant pour être sûr de vivre, de ressentir. J'ouvrais la fenêtre en enfonçant mon pied sur l'accélérateur. Cette question résistait. Pourquoi moi? pourquoi toi? Les yeux brillants de désespoir, je relâchais mon pied puis m’arrêta à ce feu.

En face, une jeune femme marchait cheveux au vent, un air un peu naïf, rigolait tout en regardant son amant d'une vie ou d'une nuit, cela n'avait plus d'importance. Il la regardait timidement en avançant chacun d'un pas décidé vers de nouveaux moments sans penser à demain. Sans penser à... lorsqu'ils devraient se quitter. Sans penser au jour où ils s'oublieraient.

La nostalgie de ces instants passés était si dure.

J'inspirai cette claque d'air nocturne en reprenant mes esprits.

"Un jour ça passera", disait-elle.

Un jour sûrement.

Encore une fois

À la fenêtre elle s'échappait à nouveau regardant ces lumières au loin brillées, créant des faisceaux de par les larmes que remplissaient ses yeux. Elle qui pensait que ce serait différent, qui pensait trouver refuge, mais rien n'avait changé face à l'ignorance qu'elle ressentait.

Et si on y croyait vraiment..

Pourquoi doit on faire semblant d’y croire pour y croire, faire semblant d’aller bien pour aller bien ?

Faire semblant que ça ne nous touche pas pour que ça nous touche encore plus ?

Pourquoi doit on faire semblant que ça fait pas mal alors qu’on a mal. ?

Pourquoi fait on semblant ?

Pourquoi on se ment, dire que tu n’aime pas son air boudeur, son regard de mauvais joueur ?

Pourquoi quand tu es avec lui tu fais semblant que ce n’est rien alors que pour toi c’est beaucoup ?

Et si on ressentait vraiment ce que l’on ressent et qu’on arrête de se cacher par peur de vraiment ressentir, par peur de souffrir.